Préface de " La Musique mise à la portée de tout le monde" (2/2)
En 1830, cédant aux instances d'un libraire qui lui commandait un ouvrage destiné à donner des notions de toutes les parties de la musique aux personnes qui ne sont pas musiciennes,
publie:
par F.J.Fétis, Paris, Mesnier, 1830, un vol, ln-8°.
Les textes que nous présentons ici sont issus de la troisième édition, publiée par Brandus et Ce à Paris, 1847, un vol. in-8°.
Précédant | Sommaire du livre | Suivant |
PRÉFACE
DE LA TROISIÈME ÉDITION.
DE LA TROISIÈME ÉDITION.
Dans les sept ou huit dernières années de la restauration , il y eut en France un progrès sensible, non dans la musique qui ne peut progresser vers le but esthétique, mais dans le goût de la société pour cet art. Ainsi qu'il arrive toujours, ce goût s'était développé par l'habitude d'entendre de belles choses bien exécutées par des artistes d'un rare mérite, et, de proche en proche, il s'était propagé dans toutes les classes. La Revue musicale, que j'avais entreprise au mois de février 1827, avait secondé ce mouvement et avait trouvé des lecteurs jusque dans les salons les plus élégants de Paris.
Ce fut alors que je fus sollicité par des amateurs passionnés de musique, qui n'avaient pour guides que leur instinct, d'écrire un livre dans lequel les gens du monde pussent prendre une connaissance suffisante de la théorie et de l'histoire de cet art, sans être obligés de se livrer à de longues études techniques. Bien qu'occupé de travaux sérieux qui me laissaient peu de temps dont je pusse disposer, je résolus de satisfaire à cette demande, persuadé que je ne serais pas moins utile en popularisant les notions premières de la science et de l'art, qu'en travaillant à perfectionner des théories plus élevées. Telle fut l'origine de la Musique mise à la portée de tout le monde.
La première édition de ce livre parut au commencement de l'année 1830 (1). L'accueil favorable qui lui fut fait par le public surpassa mon attente. En moins de deux années, cette édition fut épuisée, et, dans le même temps, il en fut fait deux autres en Belgique (2). C'est aussi sur la première édition que M. Charles Blum, de Berlin, fit une traduction allemande qui parut peu de temps après la publication du livre original, sous le titre : die Musik (la Musique) (3). Pressé par le libraire de Paris qui avait publié la première édition d'en préparer une seconde, je me mis à l'œuvre en 1832, retouchai l'ouvrage en plusieurs endroits, y ajoutai plusieurs chapitres, et conçus le dessin d'y joindre un Dictionnaire du langage technique de la musique dont l'usage est habituel, ainsi qu'une Bibliographie des ouvrages français qui traitent de cet art, soit sous le rapport de sa théorie, soit sous celui de son histoire. Mon travail fut terminé au commencement de 1833, époque où je m'éloignai de Paris pour prendre possession de la place de maître de chapelle du roi des Belges, et de celle de directeur du Conservatoire royal de musique de Bruxelles. Peu de temps après, les affaires du libraire qui devait publier la nouvelle édition de mon livre s'embarrassèrent ; il fallut plaider avec ses créanciers pour rentrer dans la possession du manuscrit, et cette circonstance retarda sa publication jusqu'en 1834. Le nouvel éditeur (M. Paulin) avait conçu le dessein de tirer la nouvelle édition au nombre énorme de quatre mille exemplaires. Cette prétention me paraissait exorbitante pour un livre d'intérêt tout spécial ; cependant il me fallut céder, et l'ouvrage fut en effet imprimé à ces conditions. J'avoue que ce n'est pas sans étonnement que j'ai vu s'écouler dans le commerce ce grand nombre d'exemplaires, bien qu'un éditeur de Bruxelles en ait fait paraître une autre édition sans mon consentement (4). C'est sur la deuxième édition de Paris qu'a été faite la traduction espagnole intitulée : la Musica puesta al alcance de todos (5). La traduction anglaise ( Music made easy) a été réimprimée à Boston, dans l'Amérique du Nord. D'autres traductions en langues étrangères ont aussi paru depuis quelques années, entre autres une version russe qui a été publiée à Saint-Pétersbourg.
Un succès si remarquable, le plus grand qu'ait jamais obtenu un livre dont la musique est l'objet, ne m'a cependant point empêché de revoir avec soin la Musique mise à la portée de tout le monde. Dans l'espace de douze années écoulé depuis la publication de la deuxième édition authentique, beaucoup de faits nouveaux s'étaient produits et devaient être signalés dans une édition nouvelle. Des familles d'instruments de cuivre avaient été créées; des modifications importantes avaient été faites à d'autres, particulièrement à la flûte; une école nouvelle de pianistes s'était formée, et la musique destinée au piano avait subi une complète transformation; enfin, beaucoup d'artistes cités dans les premières éditions comme les hommes les plus éminents de l'époque où elles furent publiées avaient disparu, et d'autres s'étaient fait connaître. Toutes ces choses ont donc exigé des changements et des additions considérables. De plus, certaines questions relatives à l'art ont été agitées dans les journaux de musique, particulièrement en ce qui concerne des réformes proposées pour la notation et certaines méthodes d'enseignement dont on a fait grand bruit. De nouveaux chapitres ont été consacrés à ces objets et en ont résolu les problèmes de manière à ne pas laisser de doute dans l'esprit des lecteurs. Enfin, la théorie physique et mathématique de la musique ayant aussi donné lieu à de nouvelles recherches dans les dix dernières années, j'ai cru devoir faire sur ce sujet d'assez grandes additions à ce que j'en avais dit dans les premières éditions de mon livre.
Pendant l'impression de la deuxième édition, les épreuves ne me furent point envoyées, et des fautes, assez nombreuses, ne furent pas corrigées; je les ai rectifiées avec soin dans cette troisième. Mais ces fautes ne furent pas le mal le plus considérable qui résultat de l'ignorance où je fus laissé à l'égard de l'impression de l'édition de 1834, car une partie du manuscrit de la Bibliographie française de la musique s'étant égarée par des circonstances qui me sont inconnues, l'éditeur ne s'aperçut pas de cette lacune, et ce ne fut qu'après la publication du livre que je vis avec autant d'étonnement que de déplaisir l'état d'imperfection où était restée cette partie de mon ouvrage; mais alors le mal était irréparable. Les personnes qui compareront la nouvelle édition avec la deuxième verront que la bibliographie y est plus que triplée dans son étendue, et que non seulement j'y ai ajouté l'indication de tout ce qui a paru depuis douze ans, mais que toute la partie qui avait été perdue a été refaite de nouveau.
En l'état actuel de la Musique mise à la portée de tout le monde, j'ai lieu de croire que sa rédaction est définitive, et que je n'aurai plus rien à y changer dans les éditions qui pourraient être faites postérieurement.
(1) Paris, Mesnier, 1 vol. in-8°.
(2) Liège, Collardin, I vol. in-12; Bruxelles. Tarlier, 1 vol. in-18°.
(3) Berlin, Schlesinger, 1830. 1 vol. in-18.
(4) Bruxelles, Hauman, 1838, 1 vol. in-18.
(5) Barcelone, imprenta de Joaquin Verdagnier, 1840, 1 vol. in-18.
Ce fut alors que je fus sollicité par des amateurs passionnés de musique, qui n'avaient pour guides que leur instinct, d'écrire un livre dans lequel les gens du monde pussent prendre une connaissance suffisante de la théorie et de l'histoire de cet art, sans être obligés de se livrer à de longues études techniques. Bien qu'occupé de travaux sérieux qui me laissaient peu de temps dont je pusse disposer, je résolus de satisfaire à cette demande, persuadé que je ne serais pas moins utile en popularisant les notions premières de la science et de l'art, qu'en travaillant à perfectionner des théories plus élevées. Telle fut l'origine de la Musique mise à la portée de tout le monde.
La première édition de ce livre parut au commencement de l'année 1830 (1). L'accueil favorable qui lui fut fait par le public surpassa mon attente. En moins de deux années, cette édition fut épuisée, et, dans le même temps, il en fut fait deux autres en Belgique (2). C'est aussi sur la première édition que M. Charles Blum, de Berlin, fit une traduction allemande qui parut peu de temps après la publication du livre original, sous le titre : die Musik (la Musique) (3). Pressé par le libraire de Paris qui avait publié la première édition d'en préparer une seconde, je me mis à l'œuvre en 1832, retouchai l'ouvrage en plusieurs endroits, y ajoutai plusieurs chapitres, et conçus le dessin d'y joindre un Dictionnaire du langage technique de la musique dont l'usage est habituel, ainsi qu'une Bibliographie des ouvrages français qui traitent de cet art, soit sous le rapport de sa théorie, soit sous celui de son histoire. Mon travail fut terminé au commencement de 1833, époque où je m'éloignai de Paris pour prendre possession de la place de maître de chapelle du roi des Belges, et de celle de directeur du Conservatoire royal de musique de Bruxelles. Peu de temps après, les affaires du libraire qui devait publier la nouvelle édition de mon livre s'embarrassèrent ; il fallut plaider avec ses créanciers pour rentrer dans la possession du manuscrit, et cette circonstance retarda sa publication jusqu'en 1834. Le nouvel éditeur (M. Paulin) avait conçu le dessein de tirer la nouvelle édition au nombre énorme de quatre mille exemplaires. Cette prétention me paraissait exorbitante pour un livre d'intérêt tout spécial ; cependant il me fallut céder, et l'ouvrage fut en effet imprimé à ces conditions. J'avoue que ce n'est pas sans étonnement que j'ai vu s'écouler dans le commerce ce grand nombre d'exemplaires, bien qu'un éditeur de Bruxelles en ait fait paraître une autre édition sans mon consentement (4). C'est sur la deuxième édition de Paris qu'a été faite la traduction espagnole intitulée : la Musica puesta al alcance de todos (5). La traduction anglaise ( Music made easy) a été réimprimée à Boston, dans l'Amérique du Nord. D'autres traductions en langues étrangères ont aussi paru depuis quelques années, entre autres une version russe qui a été publiée à Saint-Pétersbourg.
Un succès si remarquable, le plus grand qu'ait jamais obtenu un livre dont la musique est l'objet, ne m'a cependant point empêché de revoir avec soin la Musique mise à la portée de tout le monde. Dans l'espace de douze années écoulé depuis la publication de la deuxième édition authentique, beaucoup de faits nouveaux s'étaient produits et devaient être signalés dans une édition nouvelle. Des familles d'instruments de cuivre avaient été créées; des modifications importantes avaient été faites à d'autres, particulièrement à la flûte; une école nouvelle de pianistes s'était formée, et la musique destinée au piano avait subi une complète transformation; enfin, beaucoup d'artistes cités dans les premières éditions comme les hommes les plus éminents de l'époque où elles furent publiées avaient disparu, et d'autres s'étaient fait connaître. Toutes ces choses ont donc exigé des changements et des additions considérables. De plus, certaines questions relatives à l'art ont été agitées dans les journaux de musique, particulièrement en ce qui concerne des réformes proposées pour la notation et certaines méthodes d'enseignement dont on a fait grand bruit. De nouveaux chapitres ont été consacrés à ces objets et en ont résolu les problèmes de manière à ne pas laisser de doute dans l'esprit des lecteurs. Enfin, la théorie physique et mathématique de la musique ayant aussi donné lieu à de nouvelles recherches dans les dix dernières années, j'ai cru devoir faire sur ce sujet d'assez grandes additions à ce que j'en avais dit dans les premières éditions de mon livre.
Pendant l'impression de la deuxième édition, les épreuves ne me furent point envoyées, et des fautes, assez nombreuses, ne furent pas corrigées; je les ai rectifiées avec soin dans cette troisième. Mais ces fautes ne furent pas le mal le plus considérable qui résultat de l'ignorance où je fus laissé à l'égard de l'impression de l'édition de 1834, car une partie du manuscrit de la Bibliographie française de la musique s'étant égarée par des circonstances qui me sont inconnues, l'éditeur ne s'aperçut pas de cette lacune, et ce ne fut qu'après la publication du livre que je vis avec autant d'étonnement que de déplaisir l'état d'imperfection où était restée cette partie de mon ouvrage; mais alors le mal était irréparable. Les personnes qui compareront la nouvelle édition avec la deuxième verront que la bibliographie y est plus que triplée dans son étendue, et que non seulement j'y ai ajouté l'indication de tout ce qui a paru depuis douze ans, mais que toute la partie qui avait été perdue a été refaite de nouveau.
En l'état actuel de la Musique mise à la portée de tout le monde, j'ai lieu de croire que sa rédaction est définitive, et que je n'aurai plus rien à y changer dans les éditions qui pourraient être faites postérieurement.
Bruxelles, 15 janvier 1847.
FETIS
(1) Paris, Mesnier, 1 vol. in-8°.
(2) Liège, Collardin, I vol. in-12; Bruxelles. Tarlier, 1 vol. in-18°.
(3) Berlin, Schlesinger, 1830. 1 vol. in-18.
(4) Bruxelles, Hauman, 1838, 1 vol. in-18.
(5) Barcelone, imprenta de Joaquin Verdagnier, 1840, 1 vol. in-18.
Précédant | Sommaire du livre | Suivant |
Commentaires